Le travail à la scierie
La scierie a une forme en L : l'habitation du sagard comporte une chambre et une cuisine, en général sans étage.
La plus longue branche du L est la halle de sciage.
Au début du XXème siècle apparaissent peu à peu des scieries à vapeur surtout après l"ouragan de 1902 qui généra beaucoup de chablis.
Mais la plupart des scieries restaient traditionnelles
En amont , un canal ( une roye) prend l'eau de la rivière : il fait parfois plusieurs centaines d e mètres. il aboutit à un chenal où l'eau actionne une roue à godets placée verticalement sur le côté de la halle de sciage: pa r transmission, le mécanisme fait fonctionner le haut fer. C’est une forte lame verticale aussi, enchâssée dans un cadre de bois: la lame monte et descend et scie la "tronce" fixée sur un chariot qui avance automatiquement. Le sagard intervient pour surveiller le système et remettre le chariot en place lorsq'une planche vient d'être sciée
travail du sagard consiste d'abord à écorcer les tronces que le voiturier lui apporte dans son attelage tiré par des boeufs. Puis il les fait rouler sur le chariot.
les planches dé"bitées sont installées à côté de la halle pour le séchage: le sagard les entrepose par longueur et qualité de bois il met des lattes intermédiaires sous chaque niveau d e planche pour permettre l'aération.
Si les accidents s'ils étaient rarement mortels, ils étaient cause de beaucoup d"amputations.
Le métier cependant ne nourrissait pas son homme
Comme le bûcheron et le voiturier, le sagard a une petite culture, une petite ferme, sur laquelle il cultive sin champ de pommes de terre, du foin pour un peu de bétail. Il élève un cochon, de la volaille. « En apparence moins rude que le métier de bûcheron — « il fait toujours chaud dans une scierie - mais plus astreignant par la présence constante qu'il nécessite et plus débilitant par le rythme sans souplesse imposé par la machine, le travail du sagard présentait un autre inconvénient : c'était cette solitude à laquelle il condamnait. »*
La scierie étant le plus souvent hors des villages, le sagard logé sur place avec sa famille. Pourtant « on s'aperçoit que la scierie était peut-être bien le lieu le plus fréquenté qu'il soit »* : le « commis »( l'employé du marchand de bois) , « les voituriers qui approvisionnaient régulièrement les scieries en grumes et qui profitaient parfois de la halte et du feu à l'âtre pour faire chauffer et avaler leur déjeuner en compagnie. Et puis il y avait, au hasard des journées, les visites improvisées : celles des bûcherons qui travaillaient pour le compte du propriétaire de la scierie et qui venaient affûter leurs outils à la meule adaptée à l'arbre de transmission du mécanisme de la scie. Il y avait,les jours de pluie, les cantonniers cherchant un refuge au sec, les vieux qui venaient se raconter des histoires d'autrefois. Certains ajoutent : « dans le temps. il y avait toujours à boire dans une
scierie" . Ce qui ne pouvait que rendre plus attractif ce lieu. Même les gens qui ne travaillaient pas en forêt avaient, un jour ou l'autre à faire à la scierie. »
*Colette Méchin chercheur à l’institut d’ethnologie. Université de Strasbourg